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Dans une interview accordée au quotidien ivoirien Notre Voie, la star ivoirienne du reggae, Alpha Blondy se veut clair sur le leader politique ivoirien pour qui il votera lors de l’élection présidentielle prochaine. “Je voterai pour celui qui fera partir l’armée française”, dixit Alpha.

 

 

Notre Voie : Avez-vous été menacé de mort ? Par qui ?

Alpha Blondy : Bien sûr, j’ai été menacé de mort après la publication de mon interview à Afrique Magazine. On m’a appelé sur le téléphone fixe et sur le portable pour me menacer de mort. Un individu est même venu me voir pour me conseiller de boire le pipi du matin de ma mère car, selon lui, je suis un malade mental. Menacer un malade mental ? Menacer un fou ?

N.V. : Avez-vous porté plainte contre X ?

A.B. Non, je ne porterai pas plainte.

N.V. : Pourquoi ?

A.B. : Parce que je sais que Dieu le fera à ma place. Ecoutez, M. Alassane Ouattara ne fait rien pour que Dieu ne puisse pas mener mon combat. Tant de sang versé, tant de vies humaines anéanties. Savez-vous pourquoi il n’y a pas eu les 100 000, 200 000 voire 300 000 spectateurs que j’attendais à mon FESTARRR, le 30 décembre 2007 ? C’est à cause de cette guerre que M. Ouattara a enclenchée en Côte d’Ivoire. Où est-ce que les FANCI ont recruté leurs nouveaux soldats ? C’est parmi les “bramogos” (fans) d’Alpha Blondy. Où est-ce que les Forces nouvelles ont puisé leurs soldats ? C’est dans les “bramogos” d’Alpha Blondy. Quand l’on a sacrifié la vie de mes «bramogos» pour des ambitions politiques personnelles, il ne faut pas demander le miracle aux quelques survivants.

N.V. : Quels sont aujourd’hui vos rapports avec la France ?

A.B. : Moi, je n’ai pas de problème avec la France. J’ai dit simplement que je condamne fermement la France pour ce qu’elle a fait en novembre 2004 devant l’Hôtel Ivoire à Cocody et sur les deux ponts d’Abidjan. Son armée a tué des Ivoiriens qui manifestaient tranquillement pour la souveraineté de leur pays. La France, c’est quand même nous. C’est inacceptable. Maintenant que l’on dise que moi, j’ai choisi mes morts, c’est faire de la désinformation. Qu’on arrête cela. J’ai dit qu’on a passé le temps à parler de 9 soldats français qui auraient été tués à Bouaké par les FANCI mais qu’on n’a pas parlé des autres morts de la ville. C’est ce que j’ai toujours dit, ok ? Donc qu’on arrête de tout déformer tout le temps.

N.V. : Maintenez-vous toujours votre position selon laquelle l’armée française basée à Abidjan (le 43ème BIMA) doit partir ?

A.B. : Mais bien sûr. Moi, je voterai pour le candidat à la présidentielle prochaine qui promettra de faire partir l’armée française et de nous faire passer d’une indépendance virtuelle à une indépendance réelle. Voyez-vous, je ne nourris aucune haine envers qui que ce soit mais je ne supporte pas l’injustice.

N.V. : Etes-vous toujours à couteaux tirés avec l’ambassadeur de France à Abidjan, André Janier ?

A.B. : Récemment, quand j’étais hospitalisé à la PISAM, il m’a joint sur mon portable pour me souhaiter prompt rétablissement. Il m’a même annoncé qu’il m’inviterait à partager un repas dès que je serais rétabli. Mais je préfère attendre après ma tournée en Amérique.

N.V : Et la polémique sur votre titre d’ambassadeur de la paix de l’ONUCI ?

A.B. : Jusqu’à ce qu’on me le signifie officiellement par écrit, comme ça été le cas lorsqu’on me nommait, il y a un peu plus de deux ans, je demeure messager de la paix pour l’ONUCI. C’est d’ailleurs à ce titre que je tire la sonnette d’alarme pour prévenir tout risque de regain de violence en Côte d’Ivoire.

N.V. : Que répondez-vous à ceux qui affirment que vous êtes le principal auteur de la Charte du Nord rédigée en 1990 ?

A.B. : Je n’ai jamais écrit cette sale Charte du Nord. J’ai fait un tract, bien au contraire. On m’a dit que la Charte du Nord contient plus de 200 pages mais ce qu’ils ont publié (dans le quotidien Le Patriote, ndlr) ne tient pas sur un feuillet. Pourquoi sont-ils malhonnêtes jusqu’à ce point !

N.V. : Dans votre tract publié en 1990, vous meniez le combat de M. Ouattara. Comment expliquez-vous ce changement de position radicale de votre part aujourd’hui ?

A.B. : J’ai changé parce que M. Ouattara a touché à la Côte d’Ivoire. Ça, je ne saurais l’accepter. Il a posé des actes qu’il ne devrait pas. Je vous l’ai déjà suffisamment dit. On nous a tous bernés avec cette histoire d’ivoirité parce qu’en réalité, seul Alassane Ouattara en est le plus grand bénéficiaire. Je me souviens qu’en 1990, on est venu me voir pour me dire que les Bété disent que s’ils prennent le pouvoir, ils vont égorger tous les gens du Nord.

N.V. : Qui est venu vous le dire ?

A.B. Je préfère taire les noms mais ils se reconnaissent. Des gens sont venus me voir à l’immeuble Nanan Yamousso (Abidjan-Treichville) que j’habitais à l’époque. La mère d’un de mes enfants, Valerie Yébarth était témoin. Ceux qui me pourfendent, parlent de quoi ? J’aimerais bien qu’Alassane Ouattara nous parle des circonstances de la mort de Félix Houphouët- Boigny en 1993.

N.V. : Vous devez en savoir quelque chose…

A.B. : Non, c’est lui qui doit en savoir quelque chose. C’est lui qui pourra nous éclairer. Ça, c’est d’un. De deux, il y a un petit truc que je voudrais savoir. Vous souvenez-vous de la défunte femme policière Simone Gbahé ? Vous souvenez-vous de sa révélation faite dans Soir Info, dans laquelle, elle soutenait qu’un coup d’Etat se préparait contre le président Bédié ? Ne trouvez-vous pas bizarre qu’elle soit morte sans avoir pu rencontrer Bédié alors qu’elle le désirait ? C’est une question que je me pose. En somme, Simone avait bel et bien averti qu’un coup d’Etat se préparait contre Bédié mais…

N.V. : Et qui préparait ce coup d’Etat ?

A.B. : Qui a fait le premier coup d’Etat en Côte d’Ivoire, en 1999 ? Qui était le financier de la guerre dont Koné Zakaria a parlé ?

N.V. : Faites-vous allusion à M. Alassane Ouattara ?

A.B. : Bien sûr, puisque c’est lui qui a commandité le premier coup d’Etat. Aujourd’hui, quand je vois l’acharnement avec lequel la presse proche de lui s’attaque à ma modeste personne jusqu’à vouloir ma mort, je suis amené à me poser encore de nombreuses questions. Mais, qu’ils soient tous rassurés, je n’ai pas encore dit mon dernier mot.

N.V. : Vos détracteurs soutiennent que c’est parce que le président de la République, Laurent Gbagbo, vous donne beaucoup d’argent que vous vous acharnez sur M. Ouattara. Qu’en dites-vous ?

A.B. : Pour être poli, je vais vous dire simplement ceci : le président Houphouët m’avait donné de l’argent mais ils ne s’étaient pas plaints ; le président Bédié m’avait aussi donné de l’argent par rapport à ma Caravane de la Paix en 1995 mais ils ne s’étaient pas plaints non plus. Pour l’organisation de mon FESTARRR en décembre 2007, j’ai écrit à tout le monde pour solliciter de l’aide financière : ambassades, partis politiques, etc. Quand je montais le projet avec John Jay (animateur-télé, ndlr), on avait fait un devis de 300 millions FCFA. Ça traînait, faute de moyens. Et, suite à l’attentat contre l’avion du Premier ministre Guillaume Soro, le 29 juin 2007, j’ai reporté le festival. Après, j’ai décidé de le faire tout seul. C’est alors que Charles Blé Goudé m’a dit : “Ecoute, le président Gbagbo voulait nous donner sa contribution. C’est le moment d’aller le voir”. Je lui ai répondu : “Ok, on va profiter de l’occasion pour faire d’une pierre deux coups, c’est-à-dire l’inviter. S’il nous donne quelque chose, Dieu merci ; s’il ne nous donne rien, Dieu merci, you know”. Voilà ! A l’heure où je vous parle, je dois encore la somme de 16 millions à des entreprises qui ont travaillé avec moi.

N.V. : L’on raconte que le chef de l’Etat vous a effectivement remis la somme de 300 millions FCFA pour l’organisation du FESTARRR. Est-ce vrai ?

A.B. : A tous ceux qui soutiennent que le président de la République m’a donné 300 millions FCFA et que de cette somme, j’ai tiré 100 millions FCFA pour l’offrir à Charles Blé Goudé, je leur demande d’arrêter l’intox et la désinformation. Il faut simplement qu’ils comprennent que ce que le président Gbagbo m’a donné n’a pas de prix, c’est de la considération. Je ne savais même pas qu’il y avait un coup d’Etat qui se préparait contre lui dans cette période, comme on me l’a signifié plus tard, mais le Président a pris le risque de venir à mon invitation jusqu’à Grand-Bassam. Il a été le seul à m’honorer et pourtant, j’ai invité tous les leaders politiques, les partis politiques et leurs organisations de jeunesse. Même les Forces Nouvelles étaient attendues, à commencer par leur secrétaire général, le Premier ministre Guillaume Soro. Je me rappelle que le commandant Wattao m’a appelé pour s’excuser parce qu’il y avait “gbangban” à Bouaké (attaques de la ville par les hommes d’IB, ndlr). Ça c’est le respect, je vous le répète. Et ça n’a pas de prix.

N.V. : Si l’on vous comprend bien, vos relations avec le président Laurent Gbagbo ne sont pas fondées sur l’argent ?

A.B. : Les gens voient tout en terme d’argent. Je n’ai aucune intention de me vanter mais moi, je vais vous dire que ça va. Je n’ai pas de problème de ce côté-là.

N.V. : Les personnalités qui n’ont pas répondu à votre invitation au FESTARRR vous ont-elles donné les raisons de leur absence ?

A.B. : Moi, j’ai fait le pas qu’il fallait parce que je tenais à tuer la guerre. Mais ce n’est pas bien grave. Je comprends mes jeunes frères KKB du PDCI, Karamoko Yayoro du RDR, Blé Guirao de l’UDPCI. Ils ont subi des pressions de part et d’autre. Pour moi, le FESTARRR a été un grand succès.

N.V. : Vos contradicteurs prétendent que vous avez bénéficié de la générosité de M. Ouattara du temps de la bonne entente…

A.B. : Je n’ai jamais demandé de l’argent à M. Ouattara. Il n’y a jamais eu ça entre lui et moi. En revanche, je connais M. Adama Tounkara (actuel maire d’Abobo, ndlr) depuis New York. Ce dernier et moi, on s’est vu à l’époque par deux fois, il m’a donné 50 dollars. Quand on raconte que M. Alassane Ouattara est un multimilliardaire et qu’il distribue de l’argent, c’est faux. Moi, je peux aller où je veux avec mes 10 FCFA. Ma vie n’est pas en danger, à moins que M. Ouattara en décide maintenant autrement. Car lui, il est toujours tapi dans l’ombre pendant que les enfants des autres sont en première ligne au front, donc leur vie en péril en permanence, you know.

N.V. : D’où tirez-vous cette conviction que M. Ouattara est derrière chaque coup tordu contre les Ivoiriens alors que lui-même le nie tous les jours ?

A.B. : Mais M. Ouattara, c’est Kacou Anouanzè, c’est-à-dire l’homme-araignée ! Il est très rusé. De plus, dès que ça chauffe, il saute au mur puis disparaît. Voilà pourquoi j’aimerais dire ceci aux Ivoiriens: “Dès que ça pète encore en Côte d’Ivoire, n’hésitez pas à neutraliser M. Alassane Dramane Ouattara. Attention, je n’ai pas dit de le tuer, je dis bien neu-tra-lisez-le ! Car, envoyez les enfants des autres à l’abattoir, il aime bien ça. Son rêve ethnique est égal à la guerre ethnique. Chez lui, le Bété, le Guéré…, est un ennemi, le Bousmani (le peuple de la forêt) est un ennemi. Ne vous laissez plus distraire, mes frères Ivoiriens : Alassane Ouattara est notre problème. Eux, ils ont appelé au meurtre contre ma personne mais moi, non. Je n’en ferai pas autant en retour. Car je crois en Dieu. Ouattara, lui, il n’a pas de respect pour la vie que Dieu nous a donnée.

N.V. : Vous dites qu’il ne peut pas être président, mais pour gagner, il est en tandem avec le président du PDCI, Henri Konan Bédié…

A.B. : Lorsqu’un traître vient vers toi, ça se sent immédiatement par son premier bonjour. En effet, M. Bédié ne pouvait pas échapper à M. Ouattara. Aussitôt que ce dernier est venu en Côte d’Ivoire, M. Bédié était dans son collimateur. Chronologique-ment, le président Houphouët est la première victime de M. Ouattara, Dominique, la deuxième, et le président Bédié, la troisième. Quant au Président Gbagbo, il l’a échappé belle. Rappelez-vous qu’en février 1992, lors d’une manifestation au Plateau, M. Ouattara a fait tirer sur M. Gbagbo. M. Ouattara était alors Premier ministre de Côte d’Ivoire. Il ne faut pas l’oublier, dans les mœurs des Ivoiriens, tuer n’existe pas vraiment. Mais dans les calculs politiques de M. Ouattara, le crime figure en bonne place. Les Dioula disent que “tout ce qui arrive à un cadavre dans une tombe, ce n’est pas la faute aux asticots ; il faut accuser la mort”. Dans la crise ivoirienne, MM. Gbagbo, Bédié, Guéi, Soro et Wattao ne sont que des asticots. Et la mort, c’est M. Alassana Ouattara. Voilà pourquoi, je pense qu’il est nécessaire qu’on le neutralise afin qu’il ne nuise plus à la Côte d’Ivoire.

Interview réalisée par Didier Dépry et Schadé Adédé

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