
Ça y est. Tout le monde a fini par admettre les pertinences des propositions du Président de la République, à propos de la résolution de la crise ivoirienne. C`est, là, une nouvelle réconfortante pour les Ivoiriens. En effet, nous étions loin de penser que la France chiraquienne daignerait jeter un regard aux propositions du chef de l`Etat. Aujourd`hui, force est de reconnaître que Paris n`a pas que regardé. Il a étudié cela sous toutes les coutures. Mais alors, pourquoi avoir attendu si longtemps pour réagir ? La réponse à cette question est des plus malaisées. Car, il faut tenir compte du contexte de cette réaction de la France. Elle intervient après celles des rebelles, de l`ONU et de Blaise Compaoré.
Soro en disant qu`il n`était pas fermé au dialogue, a bien admis la possibilité de discuter directement avec le Président de la République. Après lui, c`est le représentant du Secrétaire général de l`ONU en Côte d`Ivoire qui a pris le crachoir pour affirmer qu`on pouvait envisager une sortie de crise dans le cadre des propositions du chef de l`Etat.
Puis, au début de ce mois de janvier 2007, c`est le Président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, himself, qui affirmait que la proposition du Président Gbagbo méritait qu`on s`y arrête une minute. Enfin, pour clore (pour le moment) cette liste de réactions positives, c`est la France qui, par la voix de Michel de Bonnecorse, conseiller de Chirac pour les affaires africaines, dit ne pas s`opposer au dialogue Gbagbo-Soro. Cette proposition étant la clé de voûte des propositions du chef de l`Etat, n`a-t-on pas raison de dire que ses propositions font l`unanimité ? En l`affirmant, nous avons conscience des pas que, éventuellement, chaque partie devra faire.
Nous n`occultons pas les possibles difficultés. Cependant, que nos " amis " aient accepté le principe du règlement de la crise par les Ivoiriens eux-mêmes, est une évolution à souligner. Reste maintenant à prier Dieu pour que ceux qui nous " accompagnent " ne veuillent jouer le premier rôle. Car la France n`a pas donné sa position par hasard. Elle a compris qu`avec les entregents de certaines bonnes volontés, si elle ne réagissait pas vite (pour se faire partie prenante), la résolution de la crise pourrait survenir, pendant qu`elle pensait, encore, au meilleur coup tordu pour évincer Gbagbo.
La France doit comprendre que la Côte d`Ivoire a compris : toute la danse de sorcière qu`elle exécute autour de la Côte d`Ivoire n`a qu`un but: changer le tenant du pouvoir dans notre pays. Cela n`est pas possible. Pas dans cette Côte d`Ivoire d`aujourd`hui, où la parole est libérée. Pas dans cette Côte d`Ivoire d`aujourd`hui où le paysan vise à prendre totalement en main, tout ce qui a rapport avec le monde rural. Pas dans cette Côte d`Ivoire où les consciences ont été, désormais, aiguisées par Gbagbo ! Alors pour parler trivialement, se ranger à l`avis de Gbagbo est mieux pour la France.
J. L. Dimaert