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belli_bello.jpgCarlos Belli-Bello, ambassadeur d'Angola en Côte d'Ivoire, lors d'une interview, déclare : "Que le GTI ne contrarie pas la constitution ivoirienne !"

Source : Fraternité Matin

 

SEM. Carlos Belli-Bello, ambassadeur d'Angola en Côte d'Ivoire est sans équivoque, ferme et parle sans détour !
"L'Angola dénonce avec force et véhémence toutes les tentatives visant à mettre la Côte d'Ivoire sous tutelle. Il y a une ligne rouge que nul ne doit songer à franchir".
Excellence, le 11 novembre dernier, votre pays célébrait ses 30 ans d'indépendance. Dites-nous, votre pays est-il vraiment indépendant ?
Sûr et certain. D'abord je vous remercie de cette question pertinente, parce que même chez nous, il y a des gens qui sont en train de mettre en cause certains acquis de notre lutte de libération. Je parle des gens d'un certain âge. Une révolution, vous le savez, n'est pas un mariage. Nous sommes arrivés à l'indépendance sans la présence de la puissance coloniale, parce que les Portugais tablaient sur le chaos, ce qui leur permettrait de s'installer définitivement en Angola, étant donné que le mouvement de libération, fruit de divisions intestines dues à la guerre froide, allait être affaibli et que les Angolais allaient s'entretuer. On les entendait dire : votre indépendance, gardez la. Dans une semaine, vous allez vous bouffer entre vous. Nous, le MPLA, nous avions conscience de nos faiblesses. Nous savions bien que nos adversaires de l'époque étaient soutenus et encouragés par les puissances qui pratiquaient la même politique colonialiste en Afrique. Cette politique avait une assise parce qu'elle fonctionnait avec des gouvernements caporalisés, des gens dévoués à mener une politique favorable aux puissances coloniales. Ils savaient que l'Angola est un pays très riche. Ils attendaient donc que notre pays leur tombe entre les mains comme un fruit mûr. Le MPLA proclame, devant l'opinion publique angolaise et l'opinion publique internationale, par la voix de Agostihno Neto, un grand poète, je tiens à le redire, l'indépendance de l'Angola qui, tout de go, réaffirme notre principe de lutte : nous ne pouvons pas nous considérer indépendants tant que la Namibie est occupée, tant que le Zimbabwe est occupé par le gouvernement le plus abject de Ian Smith qui a eu le culot de proclamer l'indépendance de la majorité blanche en terre africaine, en Afrique. Une gifle donnée sans raison à notre continent. Nous ne pouvions pas nous déclarer indépendants tant que l'Afrique du Sud était occupée par le plus honteux des systèmes qui puissent exister, l'Apartheid.
Une lourde mission pour votre pays...
Beaucoup d'Africains n'ont pas compris la nature d'un tel système parce qu'ils n'étaient pas confrontés au Pass, à la discrimination pratiquée quotidiennement dans ce pays où il était écrit "Blanc d'un côté", "Noir d'un côté". En Afrique, nous n'avions pas le droit d'être enterrés dans le même cimetière que des étrangers qui sont venus, ou qui sont nés chez nous, et que nous avons toujours traités avec beaucoup de générosité parce que nous avons une grande culture de l'hospitalité légendaire. Etre obligés de nous conduire chez nous comme des parias ! Posons la question inversement : supposons qu'une armée africaine, parce que forte, va envahir un pays européen. Les Européens vont se battre pour se débarrasser de l'envahisseur venu empêcher le développement de leur culture et de leurs traditions. C'est ce qui s'est passé. Et, nous, nous l'avons compris en Angola. Et nous qui sortions d'une guerre dévastatrice, nous avons pris l'engagement solennel de faire des sacrifices, de nous mettre au service de la libération complète du continent africain. Au temps de l'OUA, nous étions des observateurs en tant que mouvement de libération, nous avons compris que certains pays s'étaient compromis avec des puissances coloniales. Et nous nous sommes rappelés aussi que l'unité africaine a été faite grâce à la sagesse de certains pères fondateurs tels Sékou Touré, Kwame N'Krumah. Il y avait d'autres chefs d'Etat qui étaient les valets du néocolonialisme français, appelons les choses par leurs noms. Ces gens avaient tourné le dos à leur peuple. Mais il fallait faire l'unité, même de façade, parce qu'on travaille de l'intérieur. Nous sommes des gens persévérants, même têtus, quand on poursuit une cause juste. Neto nous a donc dit : notre révolution n'est pas terminée, mais nous nous engageons pour la lutte de libération d'autres peuples opprimés. Quand nous avions, les armes à la main, mené notre combat, nous étions soutenus par l'Afrique libre. Des pays comme la République Arabe d'Egypte, la République algérienne démocratique et populaire, le Maroc, la Tanzanie et d'autres pays qui ont choisi le chemin de la dignité. Je n'oublie pas la Guinée, ni le Mali.
Ce trentième anniversaire d'indépendance de notre pays a été célébré avec fierté. Les gens chez nous confondent l'actualité et le passé. Nous avons des difficultés parce que notre population a doublé. Mais nous avons développé des secteurs clés pour l'avenir de nos enfants. Nous essayons de régler les problèmes du logement et de l'habitation. Pensez-vous que les autorités angolaises ont une baguette magique pour après la guerre, après tant de morts, après des drames indicibles, avec des familles séparées, tant d'estropiés et d'handicapés, victimes de cette guerre criminelle qui nous a été imposée, après tant de destruction, régler tous ces problèmes du jour au lendemain ?
Comment les Angolais vivent-ils aujourd'hui ?
Le Président Dos Santos qui incarne la volonté du peuple angolais a su nous faire comprendre qu'on ne peut pas construire un pays avec des rancunes, des rancoeurs et la haine. Il nous a fait comprendre qu'il faut savoir pardonner et s'accepter mutuellement. Quand on aime la paix, il faut savoir pardonner et traiter l'ennemi et l'adversaire d'hier comme un frère. Et avec lui faire la réconciliation nationale. Nous avons accepté ceux qui nous ont combattus jusqu'à la veille du 22 février 2002. Heureusement, un homme a eu la sagesse de tendre la main et le rameau d'olivier à nos adversaires d'hier. L'Angola est assez grand pour que les Angolais, sans aucune discrimination, puissent vivre et se sentir heureux sur la terre sacrée de la patrie. C'est ce que le 30ème anniversaire de notre indépendance signifie pour nous. Que représentent 30 ans dans la vie d'une nation ? C'est important. Nous avons certes d'énormes problèmes, dus à la crise mondiale, nous sommes certes confrontés à la pauvreté héritée de notre système colonial et de notre propre désordre, des problèmes dus aussi aux politiques des organismes internationaux et leurs programmes structurels, imposés par des gens sans visage, assis dans de beaux cabinets, loin de la réalité, qui décident de notre avenir, à la situation de crise économique, au fait que nos matières premières sont de plus en plus mal payées, à l'échange inégal. Nous sommes venus à la lutte à la lumière des grands bouleversements qui ont changé le visage du monde, notamment la révolution d'octobre. Je suis fier de dire que c'est à la fin de la deuxième guerre mondiale que je me suis engagé dans le combat anti-colonial et anti-fasciste, fruit du sacrifice de milliers de Français, d'Espagnols, de Hollandais, et surtout grâce à l'apport de l'Union soviétique, ce qui a permis d'écraser le nazisme et la bête fasciste. C'est cela qui nous a amenés à notre propre combat pour nous débarrasser du fascisme au Portugal. Notre lutte a obligé les soldats portugais à comprendre qu'ils étaient eux aussi exploités, ce qui a conduit au coup d'Etat du 25 avril qui a emporté le fasciste Salazar, doublé du colonialiste chez nous. Nous sommes venus à la lumière de cette victoire anti-hitlérienne qui nous a poussés à tirer cette leçon : les peuples européens se sont libérés du fascisme, à nous de nous libérer du colonialisme. Voilà notre choix.
Excellence, quelle analyse faites-vous de la crise ivoirienne ?
Je vous vois aujourd'hui en train de vivre certaines situations que nous avons vécues. Vous êtes indépendants depuis 1960, mais votre indépendance vous a été donnée sur un plateau d'argent. Vous ne vous êtes pas affranchis de la présence coloniale, encore moins mentalement, et le livre de Frantz Fanon, Peau noire, masque blanc traduit bien votre réalité. Vous vous croyez citoyens à part entière d'un pays qui ne vous appartient pas. Vous vous sentez plus à l'aise dans les capitales européennes que chez vous. La Côte d'Ivoire est un pays d'une relative richesse, votre terre est généreuse, vous avec de l'eau, une richesse incommensurable. Vous avez tout ce qu'il vous faut pour être et vivre heureux. Les colonialistes présents vous ont exploités avant votre indépendance et continuent de le faire après votre indépendance parce que vous avez dû faire des compromissions. Vous viviez donc dans une certaine paix relative et vous ne vous aperceviez pas de la souffrance des autres, parce que l'Ivoirien était fier de prendre les miettes que le colon lui jetait à partir de sa table. Le mépris, vous l'avez connu d'une autre façon.
Et quand certains d'entre vous ont eu le privilège, grâce aux sacrifices de leurs parents, d'aller étudier en Europe, sont revenus avec la lumière et le savoir, ils étaient prêts à venir changer leur pays. Ils ont été confrontés à la répression sélective d'abord et ouverte ensuite. Je m'incline devant la mémoire des Ivoiriens tombés pour la liberté de leur pays. Ici, le néocolonialisme a été sournois, il vous a changé la mentalité, vous vous croyez Blanc parce que vous mangez comme des Français, parce que vous partagez Dior avec eux, parce que vous avez l'illusion de pouvoir vous acheter Pierre Cardin. En Afrique de l'Ouest, vous étiez un phare de richesses qui ne vous appartenaient pas. Tout était illusion. Le 4 novembre 2004, la rupture a eu lieu et vous avez découvert que vous n'étiez pas maîtres de votre destinée. C'est cette fierté réappropriée que je partage avec vous. J'ai une pensée profonde pour nos amis Ivoiriens, nos amis de combat, nos amis de souffrance, nos alliés, les hommes et les femmes qui ont épaulé notre lutte.
Comment vivez-vous cette situation de vide gouvernemental que connaît la Côte d'Ivoire à la recherche d'un Premier ministre ?
Ce n'est un secret pour personne et que les gens comprennent une fois pour toutes que l'Angola se range du côté des personnes qui défendent les mêmes principes que lui. La médiation africaine dirigée par des Chefs d'Etat respectables et respectueux était venue pour demander l'avis du premier magistrat de la République de Côte d'Ivoire. Il ne faut pas oublier que la Côte d'Ivoire a une Constitution, un texte de référence à toutes les décisions tant nationales qu'internationales. Que je sache, cette Constitution reste valable et valide puisque l'Assemblée nationale continue de siéger. Ce qui m'inquiète, ce sont ces pratiques qui n'aident pas à retrouver cette sérénité qui permettra de choisir un Premier ministre de consensus. Il y a un Président de la République qui doit consulter la classe politique et je suis sûr que si ce dialogue s'approfondit, la Côte d'Ivoire va trouver un homme ou une femme de consensus, un homme ou une femme patriotique pour aider à régler un problème fondamental qui est la préparation technique des élections. Il va de soi qu'il ne peut avoir d'élections si les obstacles ne sont pas éliminés. Et ces obstacles, on les connaît : le désarmement de la rébellion, j'insiste là-dessus parce que nous avons connu cela en Angola. On ne peut pas aller à des élections avec des gens en arme ou des partis politiques qui se cachent derrière une armée irrégulière. Il faut les désarmer.
Qui doit les désarmer ?
En principe, cela fait partie des obligations des organismes internationaux dont les Nations unies. Si les Nations unies sont incapables d'assumer leurs responsabilités, il faut que la Côte d'Ivoire se tourne vers l'Union africaine et exige de l'Afrique pour qu'elle assume cette mission de désarmement de la rébellion, pour que l'administration s'installe sur tout le territoire national. C'est une exigence patriotique nationale. Il faut que le Président de la République nomme un Premier ministre de consensus. Laurent Gbagbo est un homme de principes, je suis sûr qu'il le fera parce qu'il tient compte de la situation interne de la volonté du peuple ivoirien. Il faut préparer techniquement les conditions pour qu'on puisse tenir les élections le plus rapidement possible, je suis sûr que les Ivoiriens sont très responsables et qu'ils ont mis en place une méthodologie acceptable par les uns et les autres. Il y a certaines difficultés dues au manque de bonne volonté et au manque de dialogue, mais il ne faut pas oublier l'ingérence permanente des gens dans les affaires internes de la Côte d'Ivoire. Contrairement à ces gens-là, l'Angola est là pour dire aux Ivoiriens : tenez compte de notre expérience mais n'exigez pas la même solution comme nous l'avons eue en Angola, faites vous-mêmes votre parcours, comptez sur vos propres forces, dépassez vos querelles intestines, soyez patriotes, pensez d'abord à votre pays, à votre peuple et vous trouverez la solution.
Quant à l'Angola, il dénonce avec force et véhémence toutes les tentatives visant à mettre la Côte d'Ivoire sous tutelle. Il a une ligne rouge que nul ne doit songer à franchir. La souveraineté et la dignité d'un pays sont sacrées. La Constitution ivoirienne qui a été votée à 86% des Ivoiriens reste et demeure le seul texte fondamental de référence comme le soutiennent tous les accords et toutes les résolutions et par notre organisation continentale, l'Union africaine. C'est une question de principe!
Il ne faut pas que le GTI, qui n'est qu'un groupe d'accompagnement et de suivi de l'application stricte des accords, à commencer par le désarmement des rebelles, la réunification du territoire, le reploiement de l'administration sur tout le territoire national, la libre circulation des biens et des personnes, l'organisation des élections, vienne contrarier la Constitution ivoirienne. Ces apprentis sorciers doivent comprendre qu'il y a des limites à ne pas franchir. Une expression latine dit: "sutor ne supra cregita", un analphabète ne peut se mêler de ce qu'il ne comprend pas.
Excellence, trois ans, ce n'est pas trente ans comme ce fut le cas en Angola, mais le temps passe...
Et surtout la jeunesse est pressée de retrouver son identité culturelle, de se retrouver enfin libre. Les femmes aussi. Le monde a changé. Il faut tenir compte du désir de tout le monde de participer activement aux affaires du pays. La société civile bouge, elle exige chaque jour de participer au processus de paix. La crise ne peut pas durer éternellement. Le pays ne peut pas continuer à être divisé. Il vous faut du courage, mais il vous faut surtout du patriotisme pour un sursaut national. Partout où les gens ont des problèmes, ils s'asseyent et ils parlent. Nous l'avons fait en Angola. Pensez-vous que c'était facile pour nous, que c'était facile pour des personnes qui avaient pris les armes les uns contre les autres ? Notre guerre n'était pas une guéguerre. Nous avions eu des milliers de gens tués, des destructions des biens les plus précieux : des hôpitaux, des écoles, des ponts. Notre pays est miné. Je vous en prie, c'est un appel que je lance : discutez, approfondissez le dialogue. 14, 15 personnes qui poursuivent un poste de Premier ministre, c'est honteux ! L'Afrique attend une attitude plus courageuse de la part de votre classe politique, de votre élite. Il y a des gens honnêtes dans votre pays. J'insiste sur le mot honnêteté. Il y a des patriotes dans ce pays. Laissez-leur la chance de pouvoir convaincre les incrédules, ceux qui continuent de penser que la solution vient de l'Europe. Elle vient d'ici, la solution à la crise ivoirienne. C'est vous qui allez trouver la solution.
Excellence, comment vous sentez-vous dans ce pays ?

C'est pour moi un honneur d'être ici, en Côte d'Ivoire, étant donné les liens de fraternité, d'amitié, de solidarité qui unissent nos deux pays, que nous entretenons depuis le grand changement intervenu en Côte d'Ivoire par rapport à l'Angola. Nous n'oublions pas que la Côte d'Ivoire était l'une des bases arrière des gens de Jonas Savimbi, l'aile militariste belliciste de l'Unita qui était soutenu par l'ancien gouvernement de Côte d'Ivoire, au temps du Président Félix Houphouët-Boigny, Président avec qui, moi personnellement, j'entretenais une relation de franchise, empreinte de beaucoup de sympathie, d'amitié, à cause du rôle qu'il a joué dans la fondation Rassemblement démocratique africain (RDA). Houphouët-Boigny a fait son époque, la page était tournée. Et l'un des premiers actes depuis l'élection du Président Gbagbo a été de demander à tous les ressortissants Angolais vivant en Côte d'Ivoire, surtout ceux qui s'arrogeaient le droit de faire de la politique contre le gouvernement légal établi en Angola, s'ils voulaient continuer à se battre pour défendre leurs idéaux. Il a tenu à leur préciser qu'il n'avait pas l'intention de juger du bien-fondé ou non de leurs idéaux, mais qu'il était incorrect qu'ils continuent de faire la politique, ni agir contre le gouvernement avec lequel la Côte d'Ivoire entretient de bons rapports.
A l'époque, quand j'étais conseiller à la Présidence de la République d'Angola, j'ai adressé une lettre de félicitation au Président Laurent Gbagbo pour son élection, et je l'ai prié, au nom de la solidarité africaine, de ne pas permettre des actes ou des agissements contre le gouvernement légitime établi en Angola. Il en a pris acte. Du coup, ceux des angolais vivant en Côte d'Ivoire qui voulaient continuer à faire de la politique ont été priés de quitter le territoire ivoirien, pour faire la politique en Angola. La Côte d'Ivoire ne pouvait pas devenir une base arrière de la contre-révolution angolaise. A partir de ce moment, nous avons établi des relations de franchise, de solidarité et de fraternité. Pour répondre donc à votre question, je me sens ici, en Côte d'Ivoire, chez moi. Cette terre africaine est une terre d'hospitalité. Le mot "akwaba" n'est pas un mot vide. Chaque jour, je ressens la sympathie du petit peuple, celui qui a manifesté sur le goudron, sous le soleil, sait ce que représente la présence d'un Ambassadeur d'Angola en Côte d'Ivoire. C'est avec fierté que je suis ici pour accomplir mon devoir d'ancien combattant pour la liberté de la patrie et ancien vétéran de la lutte de libération.

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