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Une violente scène d'insultes racistes et quelques insidieux actes de vandalisme ont eu raison de l'énergie d'Anmary Théophile. La créatrice de vêtements, implantée à Locmaria, ferme son commerce pour retrouver sa sérénité, et sa créativité.

Une campagne d'affichage appelant à lutter contre le racisme vient d'apparaître dans plusieurs abris de bus quimpérois. Elle ne sera pas de trop, tant il semble aujourd'hui se banaliser, suscitant des démonstrations nauséabondes, à Fouesnant il y a quelques jours ou dans le quartier de Locmaria, où est implantée « Téofildussac » la petite échoppe d'Anmary Théophile. La commerçante travaille, pour quelques jours encore, avec sa porte vitrée fermée à clé. Les étagères, jusqu'à peu débordantes de tissus colorés, sont presque vides. « C'était plus accueillant auparavant », s'excuse-t-elle en déverrouillant son entrée.

« J'étais dans une dynamique »

Anmary Théophile ferme boutique à la fin du mois. Elle s'était installée rue J.-B.-Bouquet en juillet dernier, à quelques mètres du Musée de la faïence. Originaire des Saintes, en Guadeloupe, elle est arrivée à Quimper il y a quatre ans et a aussitôt ouvert un atelier de création de vêtements à domicile. Sa notoriété a vite dépassé le seuil de sa maison. Elle a participé au salon Madame !. Sollicitée par l'association Backstage, elle a aussi présenté sa collection lors de défilés, à Lanniron et dans une galerie de peinture du centre-ville. « J'étais dans une dynamique. De plus en plus de clientes venaient chez moi », se rappelle-t-elle.

« Comment un propriétaire a pu louer à une négresse ? »

Elle se décide à ouvrir son enseigne, baptisée « Téofildussac ». Plusieurs élus municipaux et les commerçants du quartier sont invités à la soirée inaugurale, le 7 juillet dernier. « Tout le monde était content. J'ai été très bien accueillie ». Tous ces bons moments semblent à des années-lumière. Le climat a changé, d'abord imperceptiblement. L'un des deux oliviers devant sa vitrine a été volé un mois après. Elle en rachète un aussitôt. Puis un lettrage de son enseigne tombe au sol, suivi d'un deuxième peu après. Le technicien venu réparer s'en étonne. Elle n'en tient pas compte. Arrive le 20 décembre. Les commerçants de Locmaria ont, ce jour-là, décidé d'ouvrir un peu plus tard, en parallèle au marché de Noël « Brin de magie », qui bat son plein. Il est 19 h 30. « J'allais fermer. J'étais de dos, à éteindre mon radiateur, quand deux femmes sont entrées ». Elles commencent par bousculer les mannequins. Les remarques acerbes - « Styliste ? On nous dit qu'elle est styliste ? » - ne sont qu'un préambule à un flot d'insultes, dont nous ferons ici l'économie, hormis ces quelques phrases : « Comment un propriétaire a pu louer à une négresse dans ce quartier ? T'as rien à faire là. Dégage ! ». Pendant ces quelques instants, Anmary Théophile raconte qu'elle n'a pas bougé, pas dit un mot. « Une chape de plomb m'est tombée sur la tête. Je n'arrivais pas à comprendre ce qui se passait. Elle parvient à prononcer « Dehors » et rentre chez elle, sidérée.

« Ça me fait de la peine si vous saviez ! »

Elle s'en ouvre à ses deux soeurs, elles aussi installées dans le Sud-Bretagne. « Elles m'ont conseillé de porter plainte. Je ne l'ai pas fait, peut-être parce que je ne voulais pas donner raison à ça ! ». Ses enfants le lui suggèrent également, en vain. Jusqu'à lundi dernier. Elle s'y est résolue à la suite d'une déprédation, survenue samedi : son enseigne a été mise à terre. « Dans ma boutique, j'ai tout fait avec amour, j'ai tout investi ! Je suis une battante mais là, je suis fatiguée, c'est trop, je me sens maintenant en insécurité ». Elle a donc porté plainte, dit avoir été reçue avec humanité par l'agent de police et se pose mille questions. « Je garde foi en l'homme. Hormis quelques excités, le monde n'est pas comme ça mais je n'ai qu'une idée : vider cet endroit et partir pour me reposer. Ça me fait de la peine si vous saviez ! ». Soudain, sa bonne humeur reprend le dessus : « J'ai toutes les origines en moi, antillaise, bretonne, africaine et asiatique. Regardez ce que ça me coûte ! », sourit-elle. Elle rebondira, à n'en pas douter. « Pour l'instant, j'ai envie de tourner la page, et de retrouver ma créativité ».

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