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 Tout peuple a le droit de se déguiser, de se défouler, de se transformer en ridicule et de porter les accoutrements les plus grotesques, quand il s'agit des festivités carnavalesques. Mais quand il s'agit d'une commémoration historique aussi sacrée que "La bataille de vertières", toute bouffonerie portera atteinte à la gloire des demi-dieux de 1804 et à la dignité de tout un peuple. Où allons-nous puiser cette force honteuse et plate qui nous permettra de crier: "Dans nos rangs point de traîtres, du sol soyons seuls maîtres" tout en singeant aveuglément les pas néo-colonialistes de la parade avillissante des militaires étrangers sur la terre de Toussaint Louverture? Nous refusons de reconnaître notre état de peuple occupé, nous sommes comme 10 singes qui se croient libres parce qu'on nous enferme dans une grande caje dont la dimension occupe une surface d'un killomètre carré. Puisque nous avons les branches des ONG comme USAID pour balader dessus, la "figue" du programme alimentaire mondial (PAM) pour nous remplir la panse, les vaccins de la croix rouge internationale pour nous immuniser contre les Choléro-soldats de la MINUSTAH et un fantoche au sommet de l'état; nous nous croyons bienheureux, bien nourris, bien immunisés et souverains. Des insultes qui devraient nous faire pleurer jusqu'à la déshydration pouvant faire crever nos yeux, au contraire, nous les acceptons fièrement et nous les utilisons comme des scaphandres pour nous plonger dans les profondeurs d'une léthargie qui ne cesse de nous déshumaniser. Bande de nuls que nous sommes ! jusqu'à quand serons-nous un peuple mature capable de prendre ses responsabilités?  N'avions jamais lu ces phrases diamantées de Boisrond Tonnerre: " Nous avons osé être libres, osons l'être par nous-mêmes et pour nous-mêmes ; imitons l'enfant qui grandit : son propre poids brise la lisière qui lui devient inutile et l'entrave dans sa marche. Quel peuple a combattu pour nous ? Quel peuple voudrait recueillir les fruits de nos travaux ? Et quelle déshonorante absurdité que de vaincre pour être esclaves. Esclaves" !...

Au lieu de protéger la grandeur de ces mots aussi forts que la pesanteur, nous l'avons poignardée durant toute notre histoire par nos combats fraternels qui trahissent toute l'idéologie de 1804. Une idélogie pour laquelle ces titans se sont sacrifiés en risquant leur vie et celle de leur famille pour nous inventer une liberté que nous n'aurons jamais méritée.

 

Encore une fois, juste pour parfaire la honte, en ce 18 novembre 2011, nous allons commettre ce sacrilège visant à souiller les beaux noms de nos ancêtres par nos vils discours dont chaque strophe sera terminée sous les coups de canons des forces d'occupation et les applaudissements moqueurs des Néo-commissaires comme Bill Clinton, Didier Lebret et Henri-Paul Normandin ayant pour mission de réussir là où Sonthonax, Polvérel et Hédouville ont échoué. Aussi longtemps que nous refusons de saisir toute la portée de notre histoire afin de vivre l'idéal de 1804, nous ne passerons jamais de cet état de Populace à l'état de peuple. Nos ancêtres étaient tous des xénophobes dont la heine pour les étrangers colonisateurs brûlait à l'état de plasma au fond de leur âme. Alors que nos leaders d'aujourd'hui servent de Collabos aux néo-colonisateurs. Nos aieux haissaient les blancs esclavagistes au point de faire éclater ces paroles sacrées: " il nous faut la peau d’un blanc pour parchemin, son crâne pour écritoire, son sang pour encre et une baïonette pour plume”. Ils ont choisi d'exposer leur vie au pied du trône de la mort, plutôt que d'accepter de manger le pain de la servitude; pour preuve, lisons ces lignes de Boisrond Tonnerre:

1)-  " Marchons sur d'autres traces ; imitons ces peuples qui, portant leur sollicitude jusque sur l'avenir, et appréhendant de laisser à la postérité l'exemple de la lâcheté, ont préféré d'être exterminés que rayés du nombre des peuples libres".

 2)- " Jurons à l'univers entier, à la postérité, à nous-mêmes, de renoncer à jamais à la France, et de mourir plutôt que de vivre sous sa domination.

Nous sommes si différents de ces demi-dieux, je me demande si nous sommes leurs descendants directs. Sommes-nous fils de cet homme qui a prononcé ces paroles:

" Citoyens, Ce n'est pas assez d'avoir expulsé de votre pays les barbares qui l'ont ensanglanté depuis deux siècles ; ce n'est pas assez d'avoir mis un frein aux factions toujours renaissantes qui se jouaient tour à tour du fantôme de liberté que la France exposait à vos yeux ; il faut, par un dernier acte d'autorité nationale, assurer à jamais l'empire de la liberté dans le pays qui nous a vus naître ; il faut ravir au gouvernement inhumain, qui tient depuis longtemps nos esprits dans la torpeur la plus humiliante, tout espoir de nous réasservir ; il faut enfin vivre indépendant ou mourir ".

 

Ecoutez-moi mes frères haïtiens ! au lieu de nous préparer à organiser cette mascarade de commémoration de "Bataille de vertières" qui ne servira qu'à la honte et la trahison, puisque les "Blancs" sont encore dans nos murs; proclamons de préférence, une journée de deuil national dans un esprit de repentance politique. Protestants et catholiques, prenez vos sacs et les cendres; gémissez et criez vers votre Dieu, qui sait s'il ne nous lavera pas de nos souillures séculaires. Vodouisants, préparez-vous à organiser une deuxième cérémonie du "Bois-Caïman", que le cochon expiatoire soit plus gras que celui de la première cérémonie; car la repentance et le sacrifice doivent être élevés à la dimension du péché. S'il est possible, faites mourir un éléphant! ...car tel péché, tel sacrifice !

Si nous voulons, Haïti peut redevenir ce qu'elle a été avant, "perle des antilles". Profitons de ce 18 novembre 2011 pour commencer à laver notre conscience, notre langue vénéneuse et nos mains criminelles. Purifions nos poches pleines de Dollars reçus pour appuyer la colonisation, accusons-nous, condamnons-nous et dépouillons-nous de toutes nos saletés, afin que l'univers puisse nous renvoyer toute l'énergie positive qui fesait de nous le peuple le plus extrémiste de la terre, quand il fallait châtier la cruauté des Colons Français. Oui ! un peuple osé au paroxysme. Ces mots étoilés de Boisrond Tonnerre confirment l'authenticité de ma déclaration:

 

" Peuple Haïtien, qu'ils frémissent en abordant nos côtes, sinon par le souvenir des cruautés qu'ils y ont exercées, au moins par la résolution terrible que nous allons prendre de dévouer à la mort quiconque, né français, souillerait de son pied sacrilège le territoire de la liberté. Rappelle-toi que j'ai tout sacrifié pour voler à ta défense, parents, enfants, fortune, et que maintenant je ne suis riche que de ta liberté ; que mon nom soit devenu en horreur à tous les peuples qui veulent l'esclavage, et que les despotes et les tyrans ne le prononcent qu'en maudissant le jour qui m'a vu naître ".

 

Pour une dernière fois, mes chers frères, gardons-nous d'organiser cette "Grimace collective". Les puissances colonisatrices nous prennent pour des écervelés, des avachis, des abrutis et un "sous-peuple", montrons-leur qu'il nous reste encore une part de dignité et de bon sens. Montrons-leur que nous haïssons leur présence sur notre sol, montrons-leur que nous ne voulons pas putréfier La célébration de la "Bataille de Vertières" par leur maudit choléra qui pue encore dans nos narines. Réservons cette célébration pour la faire rugir le jour où nous aurons fini avec cette affaire de néocolonialisme. Elaborons de préférence, un calendrier révolutionnaire visant à purifier toutes nos contrées impestées par ces hyènes, ces chacals et ces vautours à forme humaine qui ne font que nous exploiter . Que la nature les châtie ! Que ce 18 novembre 2011 soit renvoyé ! Longue vie à notre Haïtie chérie !

 

Dochener Colas.

 

 

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La bataille de Vertières est pour Haïti la fin d’une longue et sanglante guerre de libération.

Le 1er janvier 1804, après avoir écrasé l’armée française que Bonaparte avait envoyée rétablir l’esclavage, Haïti devenait le premier État noir des temps modernes.

Lors d’une conférence de presse donnée à Pointe à Pitre le 10 mars 2000, un journaliste posa la question suivante : « Que pense faire la France, la France pays riche qui a eu une de ces colonies ? Que feront d’autres pays pour participer véritablement au développement de Haïti ? ».

La réponse surprenante du président Jacques Chirac mérite réflexion : « Haïti n’a pas été, à proprement parler, une colonie française, mais nous avons effectivement depuis longtemps des relations amicales avec Haïti dans la mesure où notamment nous partageons l’usage de la même langue. Et la France a eu une coopération et a toujours une coopération importante avec Haïti et elle continuera à l’avoir. »

Pour Marcel Dorigny cette déclaration présidentielle montre à quel point l’oubli de Haïti est solidement ancré dans l’inconscient national français [2].

La bataille de Vertières
La bataille de Vertières



A l’ « origine »

Lorsque Christophe Colomb la découvrit en 1492, l’île comptait probablement quelques centaines de milliers d’habitants, Arawaks (ou Taïnos) et Caraïbes ; l’un des noms qu’ils lui avaient attribué était Ayiti, c’est-à-dire « Terre des hautes montagnes ». Les Espagnols la dénommèrent Española (« l’Espagnole ») qui devint Hispaniola (« Petite Espagne »).

Bartolomeo Colomb, frère de Christophe, organisa la colonie ; en 1496, est fondée la ville de Nueva Isabela, qui deviendra Santo Domingo (Saint-Domingue en français). Les Espagnols soumirent Arawaks et Caraïbes à des travaux forcés afin d’extraire l’or des mines. En moins de vingt-cinq ans, la population autochtone fut décimée. Les Espagnols firent alors venir des Noirs de diverses régions d’Afrique.

Durant tout le XVIe siècle, Santo Domingo a été la métropole des colonies espagnoles du Nouveau Monde.

La colonisation française

Dès 1651, des flibustiers et des boucaniers français s’étaient établis sur l’île de la Tortue d’où ils lançaient leurs incursions sur la « Grande Terre ». En 1652 la France nomme un gouverneur pour en prendre officiellement possession et les Français finirent par occuper la partie ouest de la « Grande Terre ». Sous l’impulsion de Colbert, la colonie prit son essor. La première capitale de la colonie, Le Cap Français (qui deviendra Cap-Haïtien), fut fondée en 1670. Lors du traité de Ryswick (1697), l’Espagne reconnut à la France la possession de la partie occidentale de l’île, qui devint alors la colonie de Saint-Domingue (la future Haïti), tandis que l’Espagne conservait la partie orientale qui était toujours appelée Hispaniola (la future République dominicaine). Les Espagnols puis les Français importèrent d’Afrique des captifs mis en esclavage sur les habitations sucrières exploitant la canne à sucre [3]. Ceux-ci développèrent une langue particulière qui deviendra le créole haïtien, langue maternelle de toute la population.

Hispaniola
C’est au cours de cette période que fut appliqué le trop fameux Code noir promulgué en 1685 par Louis XIV destiné à réglementer l’esclavage. Ce Code noir, qui resta en vigueur à Saint Domingue jusqu’en 1793, date de la suppression de l’esclavage dans la colonie, privait l’esclave de toute liberté. En effet, le captif à son arrivée dans la colonie est extrait des navires négriers, rafraîchi, vendu, baptisé et affecté au travail servile dans un monde où toutes ses références ancestrales sont perdues.

La colonie de Saint-Domingue devint la colonie la plus prospère des Antilles - d’où son surnom de « perle des Antilles ». À la fin du XVIII e siècle, la valeur des exportations de Saint-Domingue dépassait celle des autres colonies d’Amérique ; cette prospérité reposait sur les cultures commerciales du sucre, du café et de l’indigo, pratiquées dans de grandes "habitations" exploitées à leurs rendements maximums par des colons dotés de moyens financiers importants. En 1789, à la veille de la Révolution française, la colonie de Saint-Domingue comptait environ 400 000 esclaves [4] pour 30 000 Blancs et un nombre équivalent de « libres de couleur ».

La révolte des Noirs débute en août 1791 ; plus de 1000 Blancs sont assassinés, les sucreries et les caféteries, saccagées. Elle fait écho aux mouvements révolutionnaires de la métropole qui depuis 1789 avaient proclamé l’égalité entre tous les citoyens, une égalité basée sur le droit naturel. Les Antilles participaient à l’événement révolutionnaire : dès 1789 des esclaves se révoltent en Martinique et en Guyane, les colons forment le club Massiac pour défendre leurs intérêts contre les esclaves et contre les « libres de couleur » qui demandaient, par pétition, l’égalité civile et civique. Toutes ces revendications sont rejetées et des Assemblées coloniales, réservées aux colons, sont mises en place ; elles laissent aux édiles de larges pouvoirs internes, garantissant ainsi le maintien de l’esclavage et l’inégalité des droits avec les Mulâtres. Ces derniers créent alors des assemblées coloniales illégales, chassent les colons en août 1790 et finissent par se révolter en novembre de la même année... On assiste alors à une succession de révoltes et de luttes armées qui en plus d’opposer entre eux Noirs, Mulâtres et colons, opposent également Français et Anglais pour le contrôle de l’île. Les colons n’hésitant d’ailleurs pas à s’allier aux Anglais pour recouvrer des droits que la Révolution avait abrogés.


De crainte « de voir passer dans des mains ennemies la propriété de Saint-Domingue », les commissaires envoyés par la Convention se résignent à proclamer l’abolition de l’esclavage : Léger-Félicité Sonthonax, le 29 août 1793, pour la province du Nord, et Étienne Polverel, le 21 septembre, pour celles du Sud et de l’Ouest. Le 16 pluviôse an II (4 février 1794), la Convention confirme cette déclaration et étend l’abolition de l’esclavage à toutes les colonies françaises.

Toussaint Louverture, qui dirigeait une armée d’esclaves et de mulâtres depuis la partie espagnole de l’île, se rallie alors au gouvernement français. Il est successivement promu général, adjoint du Gouverneur de l’île et « commandant en chef de la colonie », entre 1795 et 1798. Toussaint Louverture mène alors des négociations directes avec l’Angleterre et les Etats-Unis pour assurer l’autonomie de l’île. En janvier 1801, Toussaint Louverture est maître de toute l’île. Reprenant un titre d’ancien régime, il se proclame gouverneur général à vie (avec le droit de choisir son successeur) par la première constitution de l’île. Celle-ci, solennellement proclamée le 9 Juillet 1801, abolit les distinctions de couleur et l’esclavage. Toussaint Louverture écrit une lettre à Napoléon, adressée « du premier des Noirs au premier des Blancs ».

La guerre de libération

En réponse à cette constitution autoproclamée, acte de quasi sécession de la colonie, et afin de reconstituer un empire colonial aux Amériques « conformément aux lois et règlements antérieurs à 1789 », le Premier Consul décide une expédition de reconquête. La paix avec l’Autriche (traité de Lunéville, en février 1801), et surtout avec l’Angleterre dont la flotte contrôlait les routes atlantiques (préliminaires de Londres en décembre 1801, suivis du traité de paix d’Amiens, le 15 mars 1802), lui donnent l’opportunité de lancer une opération de reconquête coloniale. En février 1802, une flotte de 36 navires venant de Brest débarque au Cap Français une armée de 23 000 hommes, sous le commandement du général Victor-Emmanuel Leclerc, mari de Pauline Bonaparte et beau-frère du Premier Consul. Le 2 mai 1802, une autre expédition arrive à Pointe-à-Pitre avec 3 500 hommes sous le commandement du général Richepance. La Guadeloupe est rapidement soumise et les insurgés impitoyablement massacrés.

A Saint-Domingue, l’arrivée du corps expéditionnaire français suscite un soulèvement général des anciens esclaves. Le général Henri Christophe, adjoint de Toussaint Louverture, met le feu à Cap-Français.

Le 7 juin 1802, Leclerc invite Toussaint Louverture à conférer avec lui ; mais à peine celui-ci se présente-t-il qu’il est arrêté par traîtrise. Toussaint Louverture et sa famille sont embarqués pour la métropole. A l’instant de monter sur le navire, il prononce ces mots célèbres : « En me renversant, on n’a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l’arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses ».

Sur ordre de Bonaparte, il sera interné - sans jugement - au fort de Joux, dans le Jura. Il y meurt des rigueurs du climat le 7 avril 1803. Peu auparavant, le 2 novembre 1802, Charles Leclerc était lui-même mort victime de la fièvre jaune... comme beaucoup de ses soldats.

Un nouveau renfort de 10 000 hommes est expédié à Saint-Domingue sous le commandement de Rochambeau (fils du commandant du corps expéditionnaire français dans la guerre d’Indépendance des États-Unis). Rochambeau n’obtient pas de meilleurs résultats en dépit de son extrême cruauté (il avait notamment dressé des chiens de combat pour poursuivre et déchiqueter les Noirs).



Les troupes françaises, épuisées, sont défaites le 18 novembre 1803 à la bataille de Vertières par la masse servile (au chant de la Marseillaise [5]) et Rochambeau se rend à Jean-Jacques Dessalines, successeur de Toussaint Louverture. Les garnisons françaises capitulent les unes après les autres. L’ancienne colonie proclame son indépendance le 1er janvier 1804, devenant la première république noire libre. Elle prend le nom de Haïti que ses premiers habitants donnaient à l’île.

Au total, c’est près de 70 000 hommes que le premier consul aura envoyés dans le seul but de rétablir le système esclavagiste à Saint-Domingue. 55 000 d’entre eux y ont perdu la vie, victimes des anciens esclaves ou des fièvres. Un fiasco humain au moins aussi important que celui de l’expédition d’Égypte. Néanmoins, la réputation du Premier Consul sur le continent européen n’aura pas à en souffrir (et les Français eux-mêmes se dépêcheront d’oublier cet épisode peu glorieux). [6]

Une amnésie nationale

Dans la mémoire collective française, il y a un oubli - une occultation ? - du passé négrier et esclavagiste de la France coloniale. Pourquoi ? On peut, avec Marcel Dorigny, y voir deux raisons.

La première abolition de l’esclavage, en 1794, a eu lieu sous la Révolution française. Elle a été obtenue par la violence, l’insurrection, les massacres [7]. Huit ans plus tard, en 1802, Bonaparte revient sur cette abolition et rétablit l’esclavage. C’est cet épisode, largement occulté en France, qui amène les anciens esclaves de Saint-Domingue à proclamer l’indépendance de la colonie. On comprend que, dans ces conditions, la perte de Saint-Domingue soit un choc national refoulé.

L’autre raison réside dans la deuxième colonisation. Quand la France repart à la conquête d’un domaine colonial à partir de 1830, elle le fait au nom des droits de l’homme ! Objectif affiché : apporter la civilisation aux Africains. Dans la réalité, on applique un code de l’indigénat qui classe les individus en deux catégories : les Européens ont un statut de citoyens, mais les « indigènes » ne sont que des sujets. Et on instaure le travail forcé (il faudra attendre 1947 pour qu’il soit supprimé).

Dans les manuels scolaires, on parle peu de la première colonisation, celle qui reposait sur le trafic négrier et l’esclavage. L’école républicaine a préféré mettre en valeur l’abolition de 1848, faite sous la IIe République. De plus, l’évocation du rétablissement de l’esclavage en 1802 aurait terni l’image de Napoléon, figure glorieuse de notre mythologie nationale.

Haïti oubliée

Les raisons précédentes suffiraient à expliquer pourquoi Haïti, société issue de l’esclavage colonial, a été évacuée de la mémoire collective française [8].

Mais Haïti a commis en plus un double affront. D’abord, elle est sortie du système esclavagiste par ses propres moyens : c’est l’insurrection victorieuse des esclaves qui a imposé l’abolition en 1794. La Convention s’est trouvée devant un fait accompli, qu’elle n’a eu qu’à ratifier et à étendre aux autres colonies. Ensuite, Haïti a gagné son indépendance par sa victoire sur les troupes françaises. « La première défaite de Napoléon, ce n’est ni Baïlen en Espagne, ni Moscou, mais Vertières en Haïti, le 18 novembre 1803 ! »(Marcel Dorigny)

 

 

La bataille de Vertières
La bataille de Vertières
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Une épidémie de choléra qui a débuté en Octobre 2010 près du cours supérieur du fleuve Artibonite, le plus grand de ce genre en Haïti, a tué à ce jour plus de 6.600 Haïtiens et rendu malades plus 475 000.

Le 3 novembre, plus de 5.000 Haïtiens survivants du choléra, ou les familles des victimes du choléra qui sont décédés, ont intenté une poursuite en Haïti et à New York contre les Nations Unies (ONU) et la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (MINUSTAH) pour l'introduction de bactéries mortelles Vibrio cholerae en Haïti par le biais des soldats népalais qui font partie de la force d'occupation militaire.

La plainte de 37 pages, remise en anglais et en français au Chef de l'Unité des réclamations à la “Log Base” de la MINUSTAH à l'aéroport de Port-au-Prince et au bureau du secrétaire général Ban Ki-moon à New York, accuse que l'ONU « est responsable de graves préjudices physiques et de nombreux décès dus au choléra en Haïti, provoqués par négligence, faute grave, imprudence et indifférence délibérée à l'égard de la santé et des vies des haïtiens ».

La pétition a été écrite et soumise par les avocats Mario Joseph du Bureau des Avocats Internationaux (BAI) à Port-au-Prince, Brian Concannon de l'Institut pour la Justice et la Démocratie (IJDH) à Boston, et Ira Kurzban des Kurzban Kurzban Tetzeli Weinger & Pratt à Miami. Ils demandent des indemnités financières de l'ONU pour les pétitionnaires, des mesures constructives pour prévenir la propagation du choléra, une reconnaissance formelle et des excuses de l'ONU pour leur  responsabilité d’avoir introduit le choléra en Haïti.

« Jusqu’à ce que les actions de la MINUSTAH aient provoqué l’apparition du Choléra, Haïti n’avait reporté aucun cas de choléra depuis plus de cinquante ans », ont écrit les avocats.

La pétition des victimes explique que l'ONU et la MINUSTAH sont tenus responsables pour des centaines de millions de dollars pour: 1) défaut de dépister et de traiter adéquatement les troupes de l'ONU en provenance de pays connaissant des épidémies de choléra, 2) le déversement des déchets non traités d'une base de l'ONU directement dans un affluent de la rivière Artibonite, et 3) défaut de répondre adéquatement à l'épidémie.

« Cette demande  offre à  l'ONU une chance de démontrer qu'elle n'est pas au-dessus de ses propres lois », a déclaré l'avocat Brian Concannon, qui, avec Ira Kurzban, a tenu une conférence de presse annonçant la plainte à l'auditorium de la Bibliothèque Dag Hammarskjöld au Siège général de l'ONU à New York le 8 novembre.

La plainte établit de façon exhaustive comment de « nombreuses études, incluant celles de l’ONU, des Centres de Contrôle et de Prévention de Maladies situés aux Etats-Unis, de la Commission d'enquête intergouvernementale franco-haïtienne du Dr. Renaud Piarroux, de l’Institut Wellcome Trust Sanger de Cambridge, en Angleterre, et de l’Institut de Vaccins Internationaux de Seoul en Corée, ont montré que le Vibrio cholérae a été introduit dans les eaux Haïtiennes par le personnel de la MINUSTAH déployé à Haïti en provenance du Népal. »

Il y a un an, face à des enquêtes accablantes des médias et des manifestations des Haïtiens en colère, l'ONU a nié avec véhémence toute responsabilité pour l'importation du choléra en Haïti.

« Le déni de responsabilité pour le choléra est conforme à la pratique de la MINUSTAH de nier en bloc tous les actes répréhensibles, peu importe comment ils sont bien documentés », a déclaré l'avocat Ira Kurzban.

La plupart des pétitionnaires sont des régions de Mirebalais, Saint-Marc, Hinche, Port-au-Prince. « Ils comprennent les agriculteurs, les enseignants et les gardiens dont les maladies ou le décès ont laissé des familles sans moyens pour satisfaire leurs besoins fondamentaux », indique la plainte.

L'un des pétitionnaires est un parent de l'une des premières victimes du choléra qui est décédé le 22 octobre 2010 à l’Hôpital St Nicolas de Saint-Marc, laissant derrière lui sa femme et ses 12 enfants. Lorsque vous travaillez dans un champ de riz de la vallée de l’Artibonite, comme il le faisait chaque jour, la victime « a bu du canal qui irrigue le terrain », explique la plainte. « Peu après, il décrit à sa famille une sensation dans son estomac “comme de l'eau bouillante.” Il a commencé à vomir et a passé la nuit chez eux dans des douleurs atroces. Le lendemain matin, il est allé à l'hôpital. Dans l'après-midi, il est mort. »

L’avocat Mario Joseph administrateur du BAI a dit: « C'est une opportunité pour les Nations Unies de démontrer que ses idéaux déclarés d'éliminer la maladie et d’encourager  le respect des droits ne sont pas seulement des promesses vides. »

La plainte note que l'ONU est censée mettre en place, mais n'a pas, une Commission de revendications comme l'exige l’Accord de statut des forces (SOFA), un accord signé entre l'ONU et le gouvernement haïtien. « Selon le SOFA, cette commission est le seul organe ayant juridiction pour statuer sur les plaintes de tiers lésés par les actions de la MINUSTAH », ont écrit les avocats dans la plainte. « L'ONU n'a toujours pas mis en place cette commission, empêchant par ainsi que justice soit rendue aux victimes et qu'elles obtiennent des réparations. »

Sans se décourager, les avocats ont cherché à rencontrer Terseli Loial,  chef du service juridique de la MINUSTAH. Celui-ci a demandé aux  avocats de déposer les revendications de leurs pétitionnaires auprès du chef de l'Unité des réclamations de la MINUSTAH .
« Les tribunaux ont déclaré que l'immunité ne peut pas signifier l'impunité, » a déclaré Concannon. « Si l'ONU refuse de fournir un forum efficace pour résoudre ces plaintes, les tribunaux nationaux le feront. »

 

 SOURCE : Par Kim Ives

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Par Pierre Junior Dessalines

 

Le 19 Octobre 2011 ramenait le premier anniversaire de l’importation d’une épidémie de Choléra génocidaire par les casques bleus de l’ONU, débarqués dans le pays depuis Juin 2004. En cette occasion, diverses activités ont été réalisées pour marquer cette date hantise, indélébile dans l’histoire de l’occupation d’Haïti par les forces étrangères. Des notes de protestations, des rencontres avec les médias, des manifestations ont été organisées pour continuer de dénoncer l’introduction du Choléra en Haïti par les soldats des Nations Unies, exiger justice, réparation et le départ sans condition de tous les soldats de l’ONU qui salissent le territoire national.

En effet, une année seulement après l’importation du Choléra en Haïti, selon Médecins sans Frontières (MSF) 75 à 80% des cas de Choléra recensés dans le monde au cours de l’année 2011, sont enregistrés en Haïti. Haïti est actuellement le numéro un (1) mondial en ce qui a trait à la maladie de Choléra, qui est en voie de devenir la maladie infectieuse la plus mortelle du pays avec 6569 décès et plus de 450 mille infectés, totalisant 5% de la population la plus appauvrie de l’Amérique. Cet acte odieux des soldats de la Minustah, selon plus d’un constitue un génocide qui mérite d’être réparé à n’importe quel moment. Add a comment

Une résolution du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies a décidé le vendredi 14 Octobre 2011 de proroger pour la septième fois le mandat d’un an de la MINUSTAH, malgré toutes les protestations contre les forces d’occupation de l’ONU en Haïti ...

Une résolution du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a décidé le vendredi 14 Octobre 2011 de proroger pour la septième fois le mandat d’un an de la mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Malgré toutes les protestations d’ici et d’ailleurs contre les forces d’occupation de l’ONU en Haïti, leur reprochant de graves violations des droits humains, de la propagation de l’épidémie de Choléra, des violence sexuelles sur les jeunes des deux sexes, de l’ingérence flagrante dans les affaires internes du pays, de violation du droit à l’autodétermination du peuple héroïque d’Haïti et le vol de nos ressources, le Conseil de Sécurité n’a pas tiré de leçon. Il a tout simplement approuvé la réduction des effectifs de la mission de déstabilisation de l’ONU. Add a comment

Haiti le récit des divers evenements au cours des siècles depuis son acces à l'indépendance