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L’opération actuelle d’enrôlement, il semble qu’il s’agisse de cela, plutôt que d’un recensement, la précision est apportée par Mohamed Ould Abdel AZIZ lui même qui doit s’y connaître, ne tient compte ni de notre histoire, ni de notre géographie, ni même de notre géopolitique encore moins de la fragile alchimie (de peuplement ou population) léguée par nos ainés. C’est pourquoi, il nous a semblé utile de rafraichir notre mémoire collective sur la construction toute récente de notre pays afin d’aider à mieux comprendre pourquoi nos populations portent naturellement les mêmes noms de familles du Sahara, du Sénégal, du Mali, du Maroc, de l’Algérie et bien d’autres pays dont des citoyens ont fait le choix d’être des nôtres. Il nous semble, donc, risqué de parler de noms de familles courants.

La Mauritanie n’est pas une île. Elle n’est pas non plus un No Man’s Land. Elle est le reflet de ses voisins, avec une personnalité propre, qui s’enrichit continuellement.

Par sa position géographique, à mi chemin entre l’Afrique noire et le Maghreb, la Mauritanie est un carrefour d’échanges et de cultures, un melting- pot. Sa création par la France coloniale répondait à un triple objectif : Relier ses protectorats du Nord (Maghreb) à ses colonies du Sud (AOF et AEF), limiter l’influence Espagnole au seul Sahara et contrecarrer l’idée du «Grand Maroc».

La création de la Mauritanie

Le nom de la Mauritanie n’apparait officiellement que le 27 décembre 1899 par décision ministérielle qui délimitait un territoire qui englobe les régions s’étendant de la rive droite du fleuve Sénégal et de la ligne entre Kayes et Tombouctou, jusqu’aux confins du Maroc et de l’Algérie. Cette décision ministérielle et le choix du nom ont été inspirés par Xavier COPPOLANI.

En 1900, la première limite du Territoire fut fixée à travers un tracé théorique délimitant les zones d’influences franco – espagnoles au Nord. Le 10 avril 1904, par arrêté, tous les territoires situés sur la rive droite du fleuve Sénégal sont rattachés aux protectorats des pays Maures. Paradoxalement, la fracture entre Maures et Noirs de la vallée du Fleuve sera « officialisée » par les arrêtés n°469 et 470 du 20 août 1936 qui organisaient séparément les commandements et administrations : une administration indirecte chez les « indigènes maures », avec des émirs dépendant désormais de l’administration coloniale ; et une administration directe chez les populations sédentaires noires, avec la création de cantons dont les chefs étaient auxiliaires de police judiciaire et percepteurs des impôts.

Ce mode de gestion séparée est renforcé par la mise en place d’un système éducatif différencié. En effet l’administration coloniale, pour asseoir son autorité, affirme son intérêt pour l’institution scolaire en vue d’une plus grande emprise sur les populations autochtones. Dans sa circulaire du 22 juin 1897, le Gouverneur Général E. CHAUDIE écrit : « l’école est le moyen le plus sûr qu’une nation civilisatrice ait d’acquérir à ses idées les populations encore primitives». « C’est elle (l’école) qui sert le mieux les intérêts de la cause française » ajoutera le Gouverneur Général William PONTY dans une circulaire du 30 août 1910, comme pour confirmer les propos de son prédécesseur.

Simplement, l’implantation de cette école en Mauritanie se fera, et pendant longtemps, dans le Sud : Kaédi en 1898, Boghé en 1912…., alors que les Médersas le seront seulement à partir de 1916 à Boutilimit, puis à Atar en 1936…., en raison notamment de l’hostilité affichée en pays Maures. C’est ce qui explique qu’à l’accession de notre pays à sa souveraineté le 28 novembre 1960, l’essentiel des cadres et des lettrés en langue française sont du Sud.

Enfin, le décret du 5 juillet 1944 rattache la région du Hodh, jusqu’alors sous dépendance du Soudan (actuel Mali), à la Mauritanie. Ce rattachement revêt un cachet sécuritaire, l’administration cherchant à neutraliser le mouvement Hamalliste (Cheikh Hamahoullah) dans cette région.

En lieu et place des Émirats (Adrar, Trarza, Brakna, Tagant) et des États du Sud (Guidimakha, Waalo, Fouta Tooro) se substitue et se superpose le futur État de Mauritanie. Jusqu’au 2 juin 1946, le nom de la Mauritanie continuera d’être associé, jumelé avec celui du Sénégal sous l’appellation de « Circonscription Mauritanie – Sénégal » et Saint Louis du Sénégal restera capitale de la Mauritanie jusqu’à la veille de l’indépendance. On comprend dès lors que bon nombre de Mauritaniens soient nés au Sénégal.

Tel est le contexte historique et politique dans lequel a été enfantée la Mauritanie actuelle, regroupant Sooninko, Wolofs, Maures, Bambaras, Haratines et Haal Pulaar en qui vont devoir désormais vivre sur un même territoire unifié et placés sous une même autorité. Il va s’en dire que pour présider aux destinées de notre pays, il vaut mieux connaître ce contexte et tenir compte de toutes les pièces du puzzle. Le prix à payer pour les fils de notre pays, maures comme noirs, sera énorme.

Les clefs de ce nouvel ensemble, fraichement créé, encore fragile, ont été confiées à Mokhtar Ould DADDAH. Si celui-ci appelait à construire ensemble la nation mauritanienne, sa conduite des affaires sera très tôt considérée comme partisane. Il va notamment opter pour une politique d’arabisation du système éducatif qui sera perçue par les uns comme un acte de souveraineté et de « repersonnalisation », et par les autres comme une mesure d’exclusion et d’assimilation. Car l’objectif à peine voilé de cette décision politique était de procéder à un rattrapage de l’avance prise par les noirs, surreprésentés dans l’appareil d’Etat, aux yeux des courants panarabistes.

Le calcul politique qui sous-tendait cette mesure, les conditions de son application, la mauvaise gestion des conséquences de cette application en termes de contestation cristalliseront toutes les frustrations et « pollueront » pour ainsi dire le climat politique de notre pays. La brèche ouverte depuis est devenue un fossé, si grand aujourd’hui qu’il fait courir à notre pays le risque de conflits à répétitions.

Est-il possible d’éviter à notre pays un futur incertain ?

Les mauritaniens peuvent-ils s’arrêter un instant pour s’accorder sur l’essentiel en vue de construire un destin commun ? Quel modèle pour la Mauritanie : Etat unitaire, Etat fédéral ? Ancrage dans le monde Arabe ou dans l’Afrique noire ? Trait d’union ?

Nous verrons dans notre prochaine livraison que, dès 1946 lors des premières élections législatives dans le cadre de l’Union Française, la question était déjà posée. En 1945, en prévision de ces élections, deux tendances s’étaient dessinées : Chez les Maures « le représentant de la Mauritanie ne saurait être un noir » tandis que les notables noirs, inquiets, font appel à une candidature européenne (source : Sous – série : 2G45 : 134, Archives Nationales du Sénégal).

Quoi qu’il en soit, nul ne peut gouverner paisiblement notre pays en méconnaissance totale de son histoire ou au mépris de celle-ci, faite de recompositions, de brassages, de mélanges de sociétés si différentes que tout éloignait au début, mais qu’il faut désormais administrer harmonieusement selon un principe si simple de justice et d’égalité, non pas de principe, mais d’égalité effective.

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Si la République d’Haïti est si chère au cœur du monde noir, c’est parce qu’elle incarne un symbolisme incandescent, un modèle admirable de dignité et de courage, d’humanisme et de grandeur, de fierté et d’audace et une continuité historique de résistance et de stoïcisme, qui a su affronter toutes les épreuves, malgré une conspiration internationale sournoise et obstinée, qui a déployé des trésors d’ingéniosité, pour l’empêcher, à tout prix, d’être une référence et un exemple pour l’Afrique et sa Diaspora.

Ce fut le 06 Décembre 1492, que Christophe Colomb, après avoir jeté l’ancre dans l’Île d’Ispagnola, y établit l’autorité de l’Espagne. Les premiers africains ont été débarqués à Haïti, dès 1503. Ce processus connut une accélération, à partir de 1515, lorsque le religieux Las Casas parvint à convaincre Charles Quint, de renoncer à utiliser les indiens, qui occupaient l’île avant l’arrivée des espagnols, dans les travaux des mines et des plantations et à les remplacer par la main-d’œuvre noire dans la culture de la canne à sucre, de l’indigo et du tabac et l’exploitation de l’or.

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1. Les membres de l'ambassade du Fouta-Djalonqui se rendit à Paris en 1882. C'est le prélude à l'établissementdes relations entre les almamys et la France.A la fin du XIXe siècle, toute la région sud-est de la Guinée était «pacifiée ». Il ne restait que le Fouta-Djalon à conquérir pour constituer ce qui allait devenir la colonie de la Guinée française. A plusieurs reprises, des voyageurs européens avaient visité ce quel’ un d'eux appelait « la Suisse africaine » et en avaient vanté la beauté et la richesse. Aussi, dès 1881, les Français avaient-ils réussi à signer avec l'al-mamy un traité qui plaçait le Fouta-Djalon sous le protectorat de la France. Ce traité fut même suivi de l'envoi d'une ambassade peule à Paris. Mais tous les Peuls n'avaient pas accepté cette mainmise de la France sur leur pays. Boubakar-Biro, le dernier grand almamy, dénonça l'accord de ses prédécesseurs et choisit la voie de la résistance.

Boubakar-Biro, le treizième almamy duFouta-Djalon, naquit en 1846 dans la famille Sorya et monta sur le trône en 1889.De sa vie on sait très peu de chose. En effet, il était trop intègre et trop autoritaire pour être aimé. Dans toutes les guerres, il avait donné de telles preuves de sa bravoure que le Fouta appréhendait de se le donner pour maître. C'était un grand guerrier et les récits de ses contemporains s'accordaient pour en faire les descriptions les plus louangeuses, mais cela après sa mort, carde son vivant, si l'almamy Boubakar-Biro compta de nombreux et fidèles partisans, il connut plus que tout autre la trahison. On ne saurait pourtant dénier à l'homme l'âme d'un grand patriote. Jamais il n'admit un seul instant que la tutelle de l'étranger pût s'exercer sur son pays et à aucun moment ne songea à faire appel à lui pour remédier aux vicissitudes de sa fortune.

L'armée nationale du Fouta était composée de contingents fournis par les provinces et qui, ordinairement, s'élevaient à 12 000hommes. Elle ne se réunissait qu'à la convocation de l'assemblée des notables tenue à Foukoumba (la Reims des almamys : c’est là qu'ils étaient couronnés). Cette armée n'avait pas une grande valeur guerrière. Elle était constituée de groupes divers formés des bans différents des provinces. Tout autre était la valeur des sofas, soldats que les almamys et les chefs entretenaient pour leur garde particulière et choisissaient parmi leurs captifs de case, et aussi parmi les étrangers dont ils entretenaient les troupes mercenaires, pour les garantir surtout des manœuvres de leurs proches et de leurs compétiteurs. Ces sofas étaient pour la plupart des guerriers de profession, braves et courageux. Mais, comme tous les mercenaires, ils étaient toujours du côté du plus offrant. L'armée nationale servait pour les guerres qui intéressaient la religion et l'empire. Les sofas, au contraire, étaient à la disposition des chefs.

En 1894, le Fouta était en pleine guerre civile. D'autre part, l'almamy Boubakar-Biro, à cause de son tempérament fougueux, s'était aliéné tous les grands féodaux. D'où des intrigues de toutes sortes pour renverser l'almamy. Beckmann, l'envoyé de la France à Timbo (capitale du Fouta), voulut profiter de cette situation. Il adressa une lettre au gouverneur Ballay à Conakry, dans laquelle il disait que Boubakar-Biro devait être interné à Conakry ou au Gabon. C'est un ennemi acharné de la France, précisait-il encore.

Pendant ce temps, Beckmann s'efforce de convaincre l'almamy de se rendre à Conakry. Le chef noir élude la question, mais déclare qu'il se donne à la France, lui et son pays. Ces promesses savamment graduées enchantent de Beckmann. Ce n'est qu'une ruse, mais l'envoyé de la France, content, accorde à Boubakar-Biro deux miliciens en armes et l'interprète qu'il lui demandait. Ces trois hommes symbolisent l'appui de la France. L'almamy avait atteint son but. Ses longues conférences avec Beckmann, son escorte de miliciens frappaient si vivement l'imagination des Fouta dialonké (gens du Fouta-Djalon) que, bientôt, le pays raconta avec terreur que les Français arrivaient pour soutenir Boubakar-Biro. La plupart de ses ennemis accoururent alors faire leur soumission et affirmer leur dévouement. Fort de ces ralliements, il alla châtier un de ses vassaux, qui demeurait inflexible. Il rentra quelques jours après, amenant avec lui ce baron félon enchaîné, et convia les notables pour le juger. Ce fut alors que Beckmann comprit sa méprise. Au mois de mars, il revint à Timbo pour obliger l'almamy à tenir ses promesses : signature d'un traité de protectorat, j'allais dire : de soumission à la France. Le 13 avril 1895, Boubakar-Biro signait le traité. A la suite de cette signature, il ajoutait en caractères arabes que la mission Beckmann devait partir tout de suite et qu'il la suivrait à Conakry, où il signerait un traité complet. Au même moment, le conseil des anciens, dûment convoqué, lui interdisait ce départ.

Beckmann rentra à Dubiéka, où on lui fit comprendre qu'il avait été dupé par le rusé almamy. La signature elle-même n'existait pas. Boubakar-Biro avait simplement écrit « Dieu soit loué ! » et avait mis au-dessous « Louange à Dieu l'Unique, de la part du chef des croyants, almamy Boubakar, fils de l'almamy Omar ! Au gouverneur, salut le plus respectueux ! Le but de la présente est de vous informer que nous avons reçu vos envoyés... Nous avons bien entendu ce qu'ils nous ont dit. Mais nous leur avons fait savoir que nous ne pourrions leur donner une réponse définitive qu'après avoir vu le gouverneur et le gouverneur général et qu'après entente avec tous les notables du pays. » Comment, après cela, parler de la naïveté des chefs indigènes de l'Afrique ? Leur défaite devant le colonisateur vient de leur division. La réputation de diplomate de Beckmann avait été complètement démentie par l'habileté de Boubakar-Biro. Le Français décida de se venger. Il savait que l'almamy avait de nombreux ennemis à l'intérieur du Fouta. C'est vers eux qu'il se tourna, à commencer par Oumarou Badamba, le propre frère de l'almamy. Il n'eut aucun mal à rallier les chefs de province, tel le fameux Alfa Yaya, roi de Labé, qui au mois d'octobre écrivit au gouverneur Ballay :« Je remercie Dieu. Dieu grand, le seul Dieu, le Miséricordieux, et Mohamed, son Prophète. Cette lettre est écrite par Alfa Yaya, fils d'Alfa Ibrahima, pour s'informer des nouvelles du gouverneur, et tous les notables de Labé s'associent à moi à cet effet. C’est bien grâce à vous que je suis en ce moment tranquille et jouissant d'une bonne santé. Je suis jour et nuit, avec tous mes sujets, à votre disposition. Vous êtes le seul maître absolu de mon pays et nous sommes tous entre vos mains (...) »2. Carte établie par Ernest Noirot.Elle indique l'itinéraire de la mission Bayol au Fouta-Djalon.

A l'instar du chef de Labé, tous les feudataires abandonnèrent Boubakar-Biro, qui avait en vain essayé de faire une « union sacrée » contre les Blancs. Se sentant isolé, l'almamy dut abandonner sa capitale, vers laquelle convergeaient la colonne française et les troupes des féodaux du Fouta. Cette coalition arriva devant Porédaka, où Boubakar-Biro avait été signalé. C'est là que se produisit l'affrontement, le 14 novembre1896. La situation de la coalition parut un moment très critique, les cavaliers de Boubakar-Biro tourbillonnant autour d'elle et l'enveloppant complètement. Mais leur bravoure ne prévalut pas sur la supériorité de l'armement des Français. Après des heures de combat, Boubakar-Biro, voyant ses plus braves guerriers décimés et ayant eu son cheval tué sous lui, abandonna la partie. Il était courageux, mais ne s'entêtait pas contre le destin. Il vaut mieux fuir si l'on est vaincu, avait-il dit jadis à Sander-val, et se réfugier en lieu sûr pour préparer de nouveaux combats que de se laisser tuer inutilement sur le champ de bataille. Après la bataille, la plaine était jonchée des cadavres d'une grande partie de l'élite du Fouta. Le fils de Boubakar-Biro, Sory, était du nombre des victimes. Comme Philippe VI au soir de la bataille delCrécy, Boubakar-Biro reste seul, blessé, et réussit à s'enfuir. Il se réfugie dans un petit village sur la route de Fougoumba. Survient un captif de son frère, Mamadou Paté, qui veut venger son maître ; il étend l'almamy raide mort d'un coup de fusil, lui coupe la tête et la porte au camp français.

L'élimination de Boubakar-Biro à Porédaka sonna le glas du Fouta indépendant. Boubakar-Biro laisse le souvenir d'un souverain habile et courageux. Ce conducteur d'hommes apparaît plein de grandeur et de noblesse. Il a dominé son temps et ne fut précipité que par la frénésie de la passion patriotique et par la trahison des siens, dont Alfa Yaya n'est pas des moindres. On peut s'étonner, dans ces conditions, qu'une conspiration du silence entoure le nom de celui qui fut, entre tous les souverains du Fouta-Djalon, le plus nationaliste. •

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1. Le général Baratieri, commandant de l'armée italienne.« L'humanité, écrit Pierre Pétridès  dans le Héros d'Adoua, dans la suite des grandes confrontations pour l'hégémonie du monde, aura connu quelques étapes décisives et des hommes exceptionnels qui en assumèrent la responsabilité. Pour sa part, l'Europe en a enregistré trois : Salamine, où, en 480 av. J.-C., Thémistocle brisa la menace asiatique ; Poitiers, où, en 732, Charles Martel anéantit la velléité arabe d'islamiser l'Europe ; Lépante, où, en 1571, Juan d'Autriche détruisit le rêve ottoman d'une domination totale. L'Asie, elle, s'enorgueillit de la victoire de Tsu-hima : en 1905, Togo (amiral japonais), en enrayant l'avance russe, mit fin aux desseins impérialistes européens de dominer le continent asiatique. L'Afrique, enfin, a Adoua. C'est là, dans les plaines de ce bourg éthiopien, qu'en1896 fut arrêté le jeu de partage et d'asservissement total, par les puissances colonisatrices, du continent africain. Le héros en fut Makonnen, prince d'Ethiopie et grand d'Afrique. ). Add a comment

 La bataille d'Abomey fut le dernier épisode de la longue guerre que se livrèrent Français et Dahoméens avant l'annexion du Dahomey à l'Empire français. Rarem dont une bataille coloniale a atteint une telle intensité. D'un côté, Béhanzin, avec son armée d'amazones ; de l'autre, le Franco-Sénégalais Dodds, commandant à des officiers français et à des centaines de « tirailleurs sénégalais ». Une lutte sans merci qui se termina par l'entrée de la colonne Dodds dans Abomey, abandonnée et incendiée par Béhanzin, le 17 novembre 1892.

Lorsque, en 1889, Béhanzin monta sur le trône d'Abomey, les rapports franco dahoméens n'étaient pas au beau fixe. Les Français étaient installés sur la côte, où Toffa, le roi de Porto-Novo, était complètement acquis à leur cause. Béhanzin, alors qu'il n'était que le prince Kondo - du vivant de son père, Glé-Glé —, s'était déjà montré hostile à la présence française sur le sol dahoméen. Devenu roi, il essaya de convaincre son cousin de Porto-Novo.

Ce dernier s'y refusant, Béhanzin décida de l'attaquer. Aussi, dès le 24 février 1890, les troupes du roi d'Abomey lancèrent-elles l'assaut contre les factoreries Fabre et Régis, ainsi que contre la maison du télégraphe à Cotonou. Le 4 mars de la même année, il y eut une nouvelle attaque contre Cotonou. Le 17 avril, les troupes de Béhanzin attaquèrent la banlieue de Porto-Novo. Le roi Toffa dut son salut à la vaillance de ses 500 guerriers et à l'appui logistique du lieutenant-colonel Terrillon. Ce fut un combat terrible.

Béhanzin voulait s'emparer de la ville de Porto-Novo et surtout du roi Toffa. Voici un extrait de la lettre que Béhanzin adressa au gouverneur Ballot avant la guerre :

Si vous voulez la guerre, je suis prêt ; je ne la finirai pas quand même elle durerait cent ans et me tuerait 20 000 hommes ; je ne veux pas que vous m'avertissiez, car je suis toujours prêt sur tous les points. Je suis informé de tout. Je connais le nombre des millions que la France veut dépenser dans cette guerre, je suis extrêmement bien renseigné. »

On voit à travers ces lignes la détermination de Béhanzin. Son adversaire, le Franco-Sénégalais Dodds, n'était pas moins déterminé à en finir avec lui.

Le colonel Dodds, né au Sénégal en 1842, était un saint-cyrien. A 36 ans il était chef de bataillon ; colonel à 45 ans. C'est en avril1892 qu'il fut chargé de constituer le corps expéditionnaire du Dahomey, avec le titre de commandant supérieur des établissements français du Bénin. En arrivant au Dahomey, il écrivit à Béhanzin :

« Nommé par Monsieur le Président de la République au commandement supérieur des établissements français situés sur la côte des Esclaves, je suis arrivé à Cotonou le 28 mai. Mon étonnement a été grand d'apprendre en débarquant que, au mépris du droit des gens, vous déteniez illégalement trois commerçants français à Ouidah, et que vous aviez de nouveau violé les engagements librement consentis par vos représentants le 3 octobre 1890, en envahissant le territoire du protectorat français que vos troupes occupent encore aujourd'hui à Cotonou, à Zablo et dans le Décamé. »Cette lettre eut pour résultat la mise en liberté des trois Français et non le retrait des troupes réclamé par le colonel Dodds ; celui-ci poussait activement les préparatifs de l'expédition. Il concentra 5 000 porteurs et200 grandes embarcations à Porto-Novo. Le 19 septembre, on assista à un premier affrontement. Ce jour-là, à 5 heures du matin, 4 000 Dahoméens attaquèrent les troupes campées à Dogba. Ils étaient armés de fusils à tir très rapide.

2.Toffa, roi de Porto-Novo,entouré de ses amazones armées de fusils à tir rapide.

L'attaque, au dire d'un témoin, le soldat Silbermann, fut conduite avec la plus grande bravoure. Après quatre heures de combat, ils renoncèrent à la lutte. Ce fut une boucherie : les pertes en vies humaines furent nombreuses de part et d'autre. Dodds adressa néanmoins ses félicitations aux combattants de Dogba, ajoutant que les Dahoméens venaient d'éprouver une défaite inoubliable qui pèserait sur l'issue de la campagne. Tout le mois d'octobre fut rempli de combats acharnés : ceux d'Adegou le 4, d’Akba le 13, de Coto le 26. Au début du mois de novembre, Béhanzin se sentait encore suffisamment fort pour lancer une offensive généralisée contre les positions ennemies. Cette débauche d'énergie entama ses forces. Dès le 4 novembre, comprenant que la chance l'abandonnait, Béhanzin demanda la paix.

Il voulait gagner du temps pour refaire son armée, durement éprouvée par les combats. Dodds voulait une paix honorable et profitable pour la France.« Ceux de vous, dit le colonel, qui. Confiants dans la clémence du gouvernement français et dans ma parole, viendront franchement à moi seront protégés dans leurs familles et dans leurs biens. Ils pourront en toute sécurité se livrer au commerce, aux travaux de culture et vivre en paix sans aucune inquiétude sous la protection de la France. Rien ne sera changé dans les coutumes et les institutions du pays, dont les mœurs seront respectées. Les chefs qui se soumettront de bonne foi à notre protectorat resteront en fonctions ; en revanche, ceux qui ne répondraient pas à mon appel et essaieraient de fomenter des troubles dans un pays qui doit désormais être heureux et pacifié seraient châtiés. »Pendant ce temps, Béhanzin cherchait à reconstituer de nouvelles forces. Il se réfugia chez les Mahis, dont l'accueil fut très glacial. Sur ces entrefaites, on annonça au monarque dahoméen qu'Allada et Ouidah étaient tombées à leur tour aux mains des Français. Béhanzin, en homme politique avisé, envoya des messagers en Angleterre et en Allemagne, d'où ils furent poliment éconduits. Sa tentative pour rallier les Dassa à sa cause se solda par le même échec. On ne peut s'empêcher, en voyant toutes ces trahisons, de penser au sort de Boubakar-Biro à la veille de la bataille de Porédaka. Ici et là, les feudataires abandonnèrent leur suzerain. Ils se rangèrent du côté du plus fort. Béhanzin arriva enfin près de Végo, où il fut pris. On l'amena à Goho et, de là, à Cotonou. Onze jours après la capture de Béhanzin, le général Dodds (il avait pris des galons entre-temps) nomma comme roi du Dahomey le prince Gouthi, frère de Béhanzin, sous le nom d'Agoli Agbo. Il fut solennellement présenté au peuple par les princes, sur la place du palais Simbodji, à Abomey. Le drapeau français y était arboré, salué par vingt et un coups de canon, et le Dahomey était placé sous la « protection » de la France.

1. Le face à face des troupes colonialeset des redoutables amazones de Béhanzinau combat de Dogba, où meurt le commandant Faurax.

La fin de béhanzin, abomey 17 novembre 1892

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