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Index de l'article

kamayiti_omotundeJ.P. Omotunde nous présente son livre qui fait echo dans la communauté noire de france <>
KAMAYITI – Si je devais parler de votre livre à un enfant sachant lire, âgé de 10 – 15 ans, que devrais-je lui dire ?


OMOTUNDE – Il faut lui dire, d’une façon générale, que l’Histoire est très importante, parce que ça lui permet de mieux comprendre les raisons pour lesquelles il est là aujourd’hui ! Alors, qu’il soit aux Antilles, qu’il soit en France ou qu’il soit même sur le continent, je dirais que l’important est de comprendre le déroulement, le cheminement historique qui fait que l’on en est là aujourd’hui : socialement, économiquement, politiquement… pourquoi l’Afrique se retrouve à ce niveau-là ?

La deuxième chose, c’est qu’il faut comprendre aussi que, lorsque nous laissons à un étranger le soin de raconter notre histoire, et bien ce dernier peut rapporter des événements qui vont dans le sens de ses intérêts et en l’occurrence, ses intérêts peuvent être aussi le fait de continuer de tirer profit des richesses de l’Afrique d’une façon générale, et qu’il est important, surtout en ce moment, de prendre connaissance de ce que nos ancêtres nous ont laissé comme enseignement ; en effet nous avons tous besoin de savoir ce que notre arrière arrière arrière grand père a fait : quels ont été les problèmes de son existence, les buts qu’il s’était fixés, les combats qu’il a menés, ceux qu’il a gagnés et ceux qu’il a perdus… et il est nécessaire de savoir aussi, ce qui est le plus important pour moi à dire, ses idéaux et sa vision du monde : quels étaient à la fois les idéaux des peuples africains et quelles étaient leur vision du monde ? Quels étaient aussi leurs projets pour le monde et pour leur peuple ? C’est cela qu’il faut enseigner aux jeunes générations et malheureusement, personne d’autre ne pourra le leur dire sinon nous ! C’est en cela qu’il faut prendre conscience de l’importance d’avoir des historiens !


Je vais vous étonner ! Entre le guerrier et l’historien, celui qui est le plus fort des deux est l’historien, car c’est l’historien qui va qui va raconter l’histoire de la chasse et de la guerre. Si ton ancêtre, ton arrière grand père, a affronté le lion et bien l’historien étranger sera capable de dire que, quand le lion est arrivé, ton ancêtre est parti en courant, alors qu’en fait, c’est totalement faux ! Il a affronté le lion vaillamment et l’a tué, et c’est là que l’on comprend qu’il y a quand même une utilisation de l’Histoire qui peut être nocive psychologiquement !


KAMAYITI – Quelle métaphore intéressante ! Par rapport au lion justement, est-ce que l’on peut faire une approche avec l’esclavage… c’est-à-dire l’Histoire même de l’esclavage ? On voit aujourd’hui cette montée du négationnisme ambiant à la télévision française, peut-on faire ce parallélisme, l’histoire du lion racontée aux enfants ?


OMOTUNDE – Oui, tout à fait ! Je dirais qu’aujourd’hui, il se passe des choses qui sont quand même assez intéressantes… pour nous en tout cas, en tant qu’historiens africains, car jusqu’à présent, le public ne s’intéressait pas vraiment à l’Histoire ! Et là, parce que l’Afrique est attaquée sur son Histoire, de plus en plus, la jeunesse panafricaine s’y intéresse enfin et ça, c’est excellent ! Véritablement en fait, on va pouvoir, à la fois, expliquer les tenants et les aboutissants donc des périodes historiographiques et notamment la problématique de la traite négrière !

De l’autre, il faut voir que l’Histoire est aussi une stratégie de combat ! Vous savez, quand on part en guerre, on prend des munitions, on prend des armes, des fusils, des canons, des tanks, voire même des bombes atomiques, alors il y a la guerre physique… mais il y a aussi la guerre

psychologique et ses armes, ce sont les bouquins ! Qui achète un livre achète une arme ! C’est une arme d’instruction massive, non pas de destruction massive, il s’agit bien d’instruction massive !

Les armes d’instruction massive nous permettent de résister aux attaques psychologiques des peuples qui veulent nuire à nos intérêts ! On voit bien que la stratégie qui est de dire que les Noirs auraient vendu des Noirs à l’époque de l’esclavage, rentre bien dans le cadre de cette guérilla psychologique donc qui a commencé à l’époque de la traite négrière et qui se poursuit encore aujourd’hui ! Parce que honnêtement l’Européen même n’y croit pas !

L’Européen n’y croit pas pour la simple et bonne raison qu’il sait très bien qu’il est l’auteur des génocides des peuples d’Amérique du Sud, des Indiens habitant les Caraïbes, des peuples aux alentours de l’Australie, de la Nouvelle Zélande, du Pacifique et il ne voit pas pour quelles raisons il serait venu entamer des relations commerciales avec ces Africains ! Lui-même sait très bien qu’il s’agit d’une vulgaire fumisterie ! Il s’agit là seulement d’une stratégie, car tous ces peuples ont été détruits et le seul peuple qui soit en mesure de témoigner de ce qui s’est passé, est le peuple africain !

L’Européen ne veut pas de ce témoignage ! Voilà ce que personne ne voit ! Le problème n’est pas l’Histoire de la France, non, c’est-à-dire que le seul peuple, aujourd’hui, capable de témoigner de la férocité blanche est, je le redis, le peuple africain !


Comme ils savent qu’avec la loi Christiane TAUBIRA-DELANON, avec la Commémoration, avec toute une série de choses, cette férocité blanche va remonter au grand jour, donc ils commencent à prendre des gardes fous, en essayant de renvoyer sur les Africains la responsabilité des évènements.

[…] préparer à la guerre psychologique qu’ils ne savent même pas véritablement ce qu’est l’Histoire en tant qu’arme de combat ! Rentre dans le jeu des Européens en pensant qu’il s’agit d’une thèse qui repose sur des fondements réels sur le plan de l’historiographie, mais ils ne comprennent pas qu’en fait, ce qui se passe, c’est que l’Européen a posé des jalons parce que cette stratégie va l’amener quelque part de bien précis, alors je vais vous dire où la stratégie va le mener, parce que c’est cela qu’il a élaboré !

Premièrement, il va reconnaître la traite négrière comme Crime contre l’Humanité, en affirmant que les Noirs ont bien été victimes !

Deuxièmement, ils diront que ce sont les Noirs qui pratiquaient un trafic négrier avant l’arrivée des Européens, ce qui fait que ce sont les Noirs qui ont vendu les Africains aux Européens ! Ensuite, quand on reparlera de la responsabilité, les Européens diront : « Non ! Les bourreaux n’étaient autres que les Africains eux-mêmes ! »


Voilà pourquoi à la fin de l’année 2005, on va vous dire que les victimes étaient bien africaines, mais que leurs bourreaux étaient africains aussi, ainsi les Européens s’en sortiront indemnes ! Et cela personne ne le voit, d’ailleurs, notre peuple rentre actuellement, dans le jeu de l’ennemi, sans s’apercevoir qu’il n’est qu’une marionnette. L’Européen veut mettre un terme à la discussion sur les Réparations, et pour arriver à ses fins, il faut que les Noirs reconnaissent eux-mêmes qu’ils sont à la fois victimes et à la fois bourreaux, comme cela, on n’en parle et plus et ils ont la paix !